Renoboost : les besoins de la rénovation énergétique cartographiés
Mis à jour le 08 octobre 2025 à 16h28

Il y a deux ans, le Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP) a lancé Renoboost. L'objectif de ce programme : cerner les besoins en compétences, recrutements et formations en termes de rénovation énergétique.
« Nous travaillons sur le dernier kilomètre de la formation, qui va faire que nous aurons la formation correspondant parfaitement aux besoins des entreprises », nous résume Franck Le Nuellec, directeur marketing au CCCA-BTP, qui révèle aux Renodays, les dernières conclusions des études, menées en partenariat avec Batiweb.com. Le designs de formations part également de « réalités économiques, technologiques et métiers », propres aux territoires. Des données précieuses pour les artisans du bâtiment.
« Qu'est-ce que cela apporte ? Beaucoup de clarté pour les entreprises, parce que cela leur permet de mieux se situer. Cela permet aussi de mieux les voir sur le marché. Parce que souvent, les entreprises artisanales, tout le monde sait qu'elles existent, mais personne ne les voit », soutient Jonathan Salmon, secrétaire général de la Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment (CAPEB) Île-de-France.
Entre les territoires, pas les mêmes parcs résidentiels…
La région francilienne a été comparée à la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA). Deux régions dont la situation résidentielle différe, comme l’affiche M. Le Nuellec : « Nous avons deux régions qui sont un peu similaires. C'est-à-dire qu'il y a de grandes villes, Marseille et Paris, qui sont deux villes très urbanisées, mais qui ont des problématiques différentes ».
Selon le directeur marketing du CCCA-BTP, Marseille regorge de bouilloires thermiques, là où Paris souffre de passoires thermiques. « Il y a une nécessité d'appréhender la rénovation énergétique, pas simplement au niveau du bâti, mais au niveau systémique, des voies de circulation au niveau de l'urbanisme », observe-t-il.
Elisabeth Dubujet, approfondit toutefois le portrait immobilier en Île-de-France : « La chance de l'Île-de-France, c'est justement sa densité urbaine. Ça permet d'avoir des logements qui sont un peu moins consommateurs. Les logements collectifs consomment moins qu'une maison individuelle. Par contre, ça implique une plus grande vulnérabilité au pic de chaleur. On le voit de plus en plus dans les épisodes de canicule. On a un nombre d'îlots de chaleur en Île-de-France qui est vraiment important».
Dans un territoire qui détient le premier parc français (16 % du parc national), la question des revenus se pose. Notamment dans l’est parisien. « L'Observatoire national de la précarité énergétique estime que, sur la communauté d'agglomération du Val-d'Europe, dans l'est de la région, il y a 7 % de la population qui est en situation de précarité énergétique. Mais sur la communauté de communes du Pays de Montereau, on est à 20 %. Et donc on se rend compte qu'il y a vraiment de très fortes disparités en Île-de-France », souligne Mme Dubujet.
Quid des Outre-mer ? « À La Réunion et dans les DROM, on voit bien que le modèle de la France métropolitaine, a été complètement appliqué, sans aucune distinction. On se rend compte que c'est une aberration », constate Franck Le Nuellec. D’où la nécessité de revoir les nouveaux critères de rénovation à l’échelle ultramarine, qui a ses conditions climatiques propres.
Autre cas de figure : Mayotte, territoire où le mot habitat indigne prend tout son sens... Le programme Rénoboost compte d’ailleurs « couvrir ce département qui est en reconstruction pour le coup, et plus qu'en rénovation », indique le directeur marketing du CCCA-BTP. « Nous y allons fin novembre justement, pour accompagner les centres de formation, en particulier l'OIDF, les premiers centres de formation de Mayotte, de dispositifs de formation sur le sujet », abonde-t-il. Sans compter l’intervention de la CAPEB sur ce territoire, dévasté par le cyclone Chido en décembre dernier.
… ni les mêmes besoins métiers
D’après les chiffres de Renoboost, les besoins annuels en rénovation seraient à hauteur de 172 000 logements en Île-de-France et de 106 000 en région PACA.
Entre ces deux régions, les top 3 des métiers nécessaires varient également. Dans le territoire francilien, les étancheurs, assistants à la maîtrise d’ouvrage (AMO) énergie et coordinateurs de travaux sont davantage sollicités.
Côté méditerranéen, les deux dernières professions s’affichent également dans les besoins, aux côtés de celle de façadier. «On voit qu'en Île-de-France, nous avons plutôt à étancher le bâtiment, alors qu'en PACA, ça va être plutôt sur de l'ITE, ça va faire appel à ces métiers-là », analyse Franck Le Nuellec du CCCA-BTP.

Pour distinguer les futurs professionnels, il y a le levier formation, mais également l'accompagnement à la qualification Reconnu garant de l’environnement (RGE). Un label obligatoire pour que l’entreprise mène des travaux éligibles à l’aide MaPrimeRénov’. À l’échelle de la CAPEB : « On les accompagne au quotidien, tant pour la formation que pour la qualification avec les partenaires », assure son secrétaire général Île-de-France.
« On se doit d'être les meilleurs, d'être les plus exemplaires possibles, et donc d'inventer sans cesse des nouveaux schémas, des nouveaux outils, pour permettre aux entreprises de se former », détaille M. Salmon.
N’oublions pas non plus que pour les artisans du bâtiment, le système de label RGE, mais aussi le dispositif MaPrimeRénov’ suscite des interrogations, comme expliqué durant le premier grand débat des Renodays.
Trois scénarios de rénovations fixés
En parallèle, le programme Renoboost a permis de dessiner trois grands scénarios de la rénovation énergétique. Le premier : massifier pour changer l’étiquette D ou E à celle B ou C. Deuxième scénario : remédier aux problèmes de passoires thermiques (F ou G) pour les faire passer à une étiquette B ou C.
Enfin, il y a le scénario « Ajuster », pour qu’un logement C atteigne un diagnostic de performance énergétique (DPE) A ou B.
Différentes objectifs et solutions de travaux sont associés à ces différents scénarios. Le tableau ci-dessous retrace les différentes trajectoires projetées par le CCCA-BTP :

Comme le relève Mme Dubujet, une rénovation énergétique ne se fait pas pour la beauté du geste. Une rénovation d’ampleur prend par exemple place lors de l’achat d’un logement ancien, pour un apport de confort ou l’amélioration de la facture énergétique.
Le pouvoir d’achat des ménages est au centre du déclenchement des travaux. Une dynamique qu’il faut accompagner, car il y a cette évidence que rappelle M. Salmon de la CAPEB Île-de-France : sans chantier, pas de recrutement dans les métiers clés.