TPE en tension : un sondage révèle des inquiétudes record malgré une économie stable
Publié le 28 octobre 2025, mis à jour le 29 octobre 2025 à 9h29, par Nils Buchsbaum

La 81ᵉ vague du Baromètre des TPE, menée par l’IFOP pour Fiducial auprès de 1 013 dirigeants, met en lumière un climat de plus en plus tendu dans les très petites entreprises. Confrontés à une instabilité politique persistante, les chefs d’entreprise expriment un profond désarroi. Ils manifestent une défiance accrue envers le gouvernement, une inquiétude pour l’avenir et un sentiment d’abandon.
Entre l’incertitude économique et la perte de repères politiques, les TPE, qui constituent la majorité des sociétés du secteur du bâtiment, se disent fragilisées et peinent à se projeter. Interrogés sur leur ressenti à l’égard de la situation actuelle du pays, huit dirigeants sur dix expriment un sentiment négatif, dominé par l’inquiétude (55 %) et la colère (25 %). Seule une minorité (14 %) affiche encore une perception positive. Ce climat de défiance est particulièrement prononcé dans le BTP, où plus de quatre dirigeants sur dix déclarent ressentir de la colère, soit 15 points de plus que la moyenne nationale.

La défiance des dirigeants de TPE envers l’exécutif atteint un niveau inédit. Seuls 12 % déclarent faire confiance aux mesures économiques du gouvernement d’Emmanuel Macron, soit 7 points de moins qu’au trimestre précédent. Ce score marque le plus bas niveau de confiance enregistré depuis la création du baromètre en 2002, égalant celui observé sous François Hollande en 2016.
90 % des patrons du BTP se déclarent pessimistes quant au climat général des affaires
Le moral des dirigeants s’effrite, notamment dans le secteur du bâtiment : 90 % des patrons du BTP se déclarent pessimistes quant au climat général des affaires.
Le moral des dirigeants de TPE fléchit également sur le plan de leur propre activité : seuls 46 % se disent optimistes, soit 5 points de moins qu’au deuxième trimestre 2025.

Face à cette instabilité, les dirigeants de TPE multiplient les mesures de prudence. Plus de la moitié anticipent des répercussions négatives d’ici six mois, d’abord sur leur secteur (53 %), puis sur leurs fournisseurs et/ou sous-traitants (51 %) et sur leur propre entreprise (50 %). 17 % du BTP des patrons déclarent faire face à des problèmes importants.
Pour 67 % des patrons de TPE, la situation politique actuelle pourrait freiner les investissements — une proportion qui atteint 84 % dans le BTP.
Les tensions politiques semblent peser sur l’emploi dans les TPE, en particulier dans le BTP, où seuls 11 % ont recruté ou prévu de recruter, tandis que 66 % envisagent de geler les embauches ou de réduire leurs effectifs. Près de la moitié des dirigeants (49 %) pourraient même diminuer ou suspendre leur propre rémunération.
Pourtant, malgré une légère hausse des suppressions de postes (9 % au 3ᵉ trimestre), les embauches restent globalement supérieures, maintenant l’emploi.
Un décalage entre la perception et la réalité économique
Concernant la situation économique de la France, près de six dirigeants de TPE sur dix (58 %) estiment nécessaire de consentir des efforts pour réduire la dette publique.
Interrogés sur les acteurs devant contribuer à cet effort, 41 % des chefs d’entreprise désignent en priorité le 1 % des Français les plus riches, tandis que 37 % jugent que tous les contribuables devraient participer proportionnellement à leurs revenus ou à leur patrimoine.
Près d’un tiers (30 %) prônent une contribution égalitaire pour tous, quel que soit le niveau de ressources. Les actifs, les entreprises et les retraités ne sont cités qu’à la marge (6 % à 14 %). Enfin, 38 % des dirigeants de TPE considèrent qu’aucun acteur ne devrait être mis à contribution, estimant que la dette publique n’est pas la responsabilité directe des Français.
Le sondage de Fiducial met en lumière le décalage entre la perception des dirigeants de TPE et la réalité économique. Au fil de 2025, leur appréciation du climat des affaires et de leur propre activité se dégrade en réaction à un contexte politique jugé de plus en plus instable.
Pourtant, les indicateurs concrets restent moins inquiétants : au troisième trimestre, 14 371 entreprises ont fait l’objet d’une défaillance en France (+5,2 %), un rythme inférieur à celui de 2024. Le secteur du bâtiment, bien qu’il représente un quart des défauts, continue de montrer des signes de résilience.
Par Nils Buchsbaum














