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Face à un contexte morose, le groupement Tout Faire mise sur le collectif

Publié le 02 octobre 2025
Mis à jour le 02 octobre 2025 à 16h32

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Quelques jours après le congrès annuel de Tout Faire, Charles Gaël Chaloyard, directeur général, revient sur le bilan et les perspectives du groupement. Ce dernier mise notamment sur le collectif pour faire face à un contexte morose et une concurrence de plus en plus poreuse.
©Tout Faire - Charles Gaël Chaloyard
©Tout Faire - Charles Gaël Chaloyard

Quels sujets ont été abordés lors du congrès Tout Faire à Budapest ?

 

Charles Gaël Chaloyard : C’était une grosse édition. On était un peu plus de 300 participants, donc c’était très intéressant de réfléchir ensemble à notre avenir.

On a commencé par rappeler que Tout Faire, c’est 35 ans d’innovation.

On a aussi parlé sans voile des difficultés d’un marché plutôt atone, que ce soit le neuf ou la rénovation. En tout cas sur la partie rénovation, il y a un facteur très important à court terme qui est la confiance. Tant qu'on n'a pas la confiance, il ne pourra pas y avoir d’impact positif sur nos business.

On a également parlé de la concurrence qui est de plus en plus poreuse et diffuse, et pas uniquement sur Internet.

Aujourd’hui, nous avons une concurrence qui est multiple. Les stations-services se mettent à vendre des matériels de bricolage. Nous avons Lidl qui performe avec certaines gammes concernant sa marque distributeur « Parkside ». Et puis les pure-players qui font des croissances colossales puisqu’ils ont triplé leur part de marché en l’espace de 7-8 ans.

On regarde aussi avec beaucoup d’intérêt l’arrivée de Temu et AliExpress, qui ont fait un bond énorme sur l’Espagne, le Portugal et l’Italie ces deux dernières années, et qui ont pris 20 % de part de marché en distribution bricolage.

La GSB aussi fait de grosses incursions sur le professionnel, donc on est un peu menacés de toutes parts.

On a expliqué qu’il fallait qu’on perde un peu notre indépendance pour être plus forts collectivement.

Une fois que les adhérents ont pu comprendre ces éléments, ils ont pu travailler en brainstorming sur plein de sujets. Ils ont réfléchi pendant 1h30, et après on a essayé de débriefer chacune des différentes thématiques.

 

En quelques mots, quel est le bilan de ce congrès ?

 

C.G.C. : Les objectifs, c’est de correspondre aux différentes demandes des consommateurs, qui sont de plus en plus exigeants.

Ce qui est vraiment ressorti en filigrane, c’est qu’il fallait arrêter de penser chacun dans son coin – ce qui est un défaut des réseaux indépendants. L’idée principale, c’est que c’est le collectif qui va nous sauver.

Ce congrès, c'était un moment fort pour resserrer une parenthèse dans l'univers un peu morose de l'actualité, pour vraiment montrer qu'on pouvait aller très loin si on était plus unis.

 

Quels sont vos axes de développement pour les mois à venir ?

 

C.G.C. : Nous avons tout un plan pour transformer nos vendeurs comptoirs de preneurs de commandes en de véritables commerciaux.

Nous avons aussi des axes de conquête commerciale sur de nouvelles professions qui arrivent beaucoup dans nos magasins. Nous avons notamment adapté nos points de vente pour les paysagistes.

L’autre point, ce sont de gros investissements sur la partie digitale pour fluidifier le parcours client. Ce sont des choses que chaque adhérent ne peut pas faire tout seul, donc c'est la centrale qui peut lui apporter ces solutions-là.

Ce qu'on veut aussi développer pour 2026, c'est proposer des bilans carbone par devis, donc cela demande pas mal de développement sur des bases de données. Ce sont des choses qui peuvent nous rendre un peu plus attractifs.

Donc trois pôles : un pôle d'intensité commerciale, un pôle sur le magasin, et on termine par du digital, pour vraiment améliorer l’expérience client et la rendre la plus simple possible.

 

Quels chiffres clés pour Tout Faire début 2025 ? Quelle évolution par rapport à l’année précédente et quelles perspectives pour 2026 ?

 

C.G.C. : L'évolution, c'est qu’on a une baisse de chiffre d'affaires qui est aux alentours de 7 %, et qu’on a fait deux points de mieux que le marché.

Aujourd’hui, nous avons 466 points de vente pour 280 adhérents.

On s’attend à une croissance molle pour 2026. Sur le neuf, on est tombé très bas en 2024. On est très impactés par les constructions de maisons individuelles, et on a eu une hausse de plus de 20 % des mises en chantier depuis début 2025, donc va avoir une légère croissance.

Et puis sur la rénovation aussi, parce qu’on voit que les transactions immobilières sont en train de reprendre quand même de manière assez significative. La FNAIM pense qu’on va terminer l’année avec 940 000 transactions dans l’ancien.

Donc on s’attend à une croissance aux alentours de 2 à 3 % pour 2026.

 

Avez-vous une réaction par rapport au contexte politique actuel ? Qu’attendez-vous du prochain gouvernement ?

 

C.G.C. : C’est difficile parce qu’on voit bien que le logement ne fait pas partie des priorités de ces derniers gouvernements, et c’est dommage parce qu’au-delà de l’enjeu économique, il y a un enjeu sociétal. Quand on a en moyenne 50 demandes pour un appartement en location en France, c’est quand même très compliqué.

Donc on n’attend pas grand chose de ce gouvernement. Même si on a eu, je pense, une ministre du Logement remarquable, mais qui avait des difficultés de moyens.

Ce qu'on demande surtout, c'est de la stabilité, notamment dans les parcours de rénovation énergétique. MaPrimeRénov’ est une catastrophe parce qu'elle change en permanence.

Pourquoi on ne travaillerait pas sur des systèmes très simples d'incitation ?

Il y a une chose qui a bien marché, c’est la TVA à 5,5 %. Donc pourquoi pas une TVA à 0 % pour tout ce qui est rénovation énergétique ?

Stabilité et simplicité, ce sont les maîtres mots que toute la profession réclame.

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier

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