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Hausses de prix : une situation « très imprévisible » selon Fabio Rinaldi (BigMat)

Publié le 25 juillet 2022

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Alors qu’une déclaration de solidarité était signée par de nombreuses fédérations du bâtiment le 11 juillet dernier, les hausses de prix se poursuivent et risquent d’impacter la demande en travaux des particuliers dans un contexte d’inflation généralisée et de baisse du pouvoir d’achat. Entretien avec Fabio Rinaldi, président du directoire de BigMat.
Hausses de prix : une situation « très imprévisible » selon Fabio Rinaldi (BigMat) - Batiweb

Depuis un an, les hausses de prix sur les énergies et les matériaux se poursuivent, impactant toute la filière du bâtiment. 

Pour Fabio Rinaldi, président du directoire de BigMat France, les pénuries sont moins catastrophiques, mais les problèmes d’approvisionnement s’observent sur certaines catégories de produits très ciblées, citant notamment l’exemple des tuiles. Le 8 juillet dernier, la Fédération Française des Tuiles et Briques (FFTB) alertait en effet sur les tensions concernant le marché, alors que les fabricants ont été sur-sollicités à la suite de violents épisodes de grêle.

 

Hausses de prix : pas de lumière au bout du tunnel

 

Les hausses de prix sur les matériaux, elles, se poursuivent. Le président du directoire de BigMat France évoque notamment +30 à 40 % sur l’acier entre janvier et mars, +15 % pour les briques en avril, ou encore +9 % pour les fenêtres de toit début janvier.

Des hausses de prix qui se cumulent avec les surcoûts liés à la nouvelle Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), et des nouveaux produits développés par les industriels, certes moins carbonés, mais aussi souvent plus chers.

Or, selon le président du directoire de BigMat, « aucuns signaux » ne laissent présager un ralentissement des hausses de prix pour les mois à venir, restant très imprévisibles, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine.

« Il n’y a aucuns signaux pour une baisse. Après la baisse cela peut simplement être que le marché risque de ralentir, et à ce moment-là, cela ralentira peut-être aussi l’inflation - avec une offre qui pourrait devenir supérieure à la demande, auquel cas on aura peut-être une inflation qui pourra se contenir sur nos matériaux. C’est très imprévisible. On est entrés dans une sphère inflationniste, peut-être spéculative, qui est très difficile à mesurer, en tout cas pour nous côté distribution », explique Fabio Rinaldi.

 

Vers une baisse des travaux ?

 

Face à cette inflation généralisée et à une baisse du pouvoir d’achat des ménages, le président du directoire de BigMat alerte sur un risque de baisse d’activité dans le bâtiment. Selon lui, l’activité a déjà nettement ralenti par rapport aux années 2020 et 2021, durant lesquelles les confinements avaient fait bondir la demande en travaux d’amélioration du logement.

D’après lui, les carnets de commandes des artisans du bâtiment restent encore bien remplis en ce milieu d’année, avec en moyenne 16 semaines de visibilité. Mais jusqu’à quand ? Le président du directoire note d’ores et déjà une baisse de la fréquentation des points de vente, alors que le nombre de travaux engagés par les particuliers diminue.

Pour aider les artisans à affronter les hausses de prix et à les répercuter sur leurs clients, le représentant de BigMat leur conseille de réduire la durée de validité des devis, à 1 mois, voire à 15 jours, afin de faire face à la fluctuation rapide des prix.

« Les industriels subissent les hausses de matières premières, de coût de l’énergie, de coût de fabrication. Nous-mêmes, distributeurs, nous subissons des augmentations applicables dans des délais très courts et assez inhabituelles de la part de nos industriels. Donc on demande aux troisièmes acteurs de la chaîne économique de faire de même avec leurs clients », précise-t-il, reconnaissant qu’il s’agit d’un exercice difficile pour les artisans du bâtiment, qui ont déjà de nombreuses tâches administratives à gérer.

« Ça n’est pas un exercice auquel ils sont habitués. L’artisan est là pour réaliser des travaux, pas nécessairement pour gérer des spéculations, des hausses tarifaires, une inflation », reconnaît-il.

Interrogé sur la déclaration de solidarité signée le 11 juillet dernier, Fabio Rinaldi estime qu’elle vient s’ajouter aux travaux menés depuis plus d’un an et devrait permettre de remettre la situation « au-devant de la scène ».

« C’est le résultat d’un travail qui a été accompli sur un an avec un comité de crise du bâtiment et des travaux publics, qui avait été créé mi-juin 2021. En un an, on a réussi à trouver une déclaration commune. Pour moi, la situation est mise au-devant de la scène, et donc à nous tous de respecter ces engagements, et d’avoir une attitude responsable. À travers ces comités, chartes et engagements, je pense que la situation devient plus contrôlée, et donc c’est plutôt sain de partager. Je dirais que si on n’a rien à se reprocher, on a aucun problème à prendre ces engagements », estime-t-il.

 

Des comportements opportunistes dangereux

 

Y aurait-il des comportements opportunistes ou des abus ? Selon lui, ces doutes ne sont pas récents. Dans ce contexte, il appelle les pouvoirs publics à vérifier la corrélation entre les résultats des grands groupes et la situation du marché.

« Si ce comité de crise du bâtiment a été créé il y a un an, c’est que nous avons commencé à alerter il y a un an sur des doutes ou des incompréhensions que nous avions sur certaines hausses de prix. Après je dirais aux pouvoirs publics de voir entre les résultats publiés des grands groupes et la situation du marché s’il y a une corrélation ou s’il peut y avoir d’excellents résultats, et dans ce cas il y a peut-être eu des améliorations dans la productivité, mais aussi des augmentations de prix qui étaient peut-être moins justifiées », ajoute le président du directoire de BigMat.

Ces comportements opportunistes risquant d’impacter l’ensemble du marché du bâtiment, peuvent occasionner des reports de travaux de la part des particuliers, voire entraîner une phase de décroissance, non seulement de l’activité, mais aussi des prix.

« S’il y a des abus, nous ne ferons qu’augmenter le risque, soit d’un ralentissement rapide du marché parce que nous ne trouverons pas en fin de chaîne les consommateurs qui pourront continuer d’investir dans des logements neufs ou réaliser des travaux, soit mettre en difficulté des artisans qui eux-mêmes ne pourront pas répercuter ces hausses auprès de leurs clients », conclut-il.

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Fabio Rinaldi

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