L'objectif de Spurgin : « mettre le bon mur au bon endroit »

Quel bilan retient Spurgin de cette première moitié de 2025 ?
Pierre Bollard : 2025 est une bonne année pour nous. Pas de baisse d'activité, même une progression.
Sur la partie prémur, nous sommes autour de 6 % en croissance, à fin juillet par rapport à fin juillet 2024 et presque +28 % sur le prémur isolé. Les effets de la RE2020 commencent à arriver sur ce produit-là.
Et côté mur béton bois, après l’inauguration de votre usine en juin 2024 ?
Pierre Bollard : Le démarrage est un peu plus lent. En 2025, nous ferons les mêmes volumes qu’en 2024 [environ 20 000 m2, NDLR]. Mais en 2024, nous avions deux gros chantiers emblématiques, qui étaient l'hôpital psychiatrique de Tours et la cité scolaire à Sartrouville. Il nous manque de gros chantiers pour lancer la machine.
Comment la RE2020 peut davantage pousser le béton bois et autres matériaux biosourcés, selon vous ?
Pierre Bollard : La RE2020 comporte des paliers. Première chose, si les paliers de stockage de CO2 étaient plus contraignants, je pense que les industriels pourraient mettre sur le marché davantage de produits qui permettent d’y répondre. Surtout, il manque un critère important : le déphasage thermique.
Les matériaux biosourcés permettent un déphasage thermique de 14 heures sur un mur [de composition du CS2, c’est-à-dire mur porteur en béton de bois] de 24 cm d’épaisseur, et ainsi de lutter contre le chaud. Et ça, ce n’est pas pris en compte dans le RE2020.
Et c'est bien dommage, car c'est ce qu'attendent les promoteurs, notamment les bailleurs sociaux, très attachés aux économies d'énergie par rapport à la chaleur d'été.
Pensez-vous que la réglementation pourrait faire plus pour le confort d’été ?
Pierre Bollard : Oui, elle est incomplète. Il y a juste un texte à partir sur les degrés-heures. Or, c'est tellement compliqué à calculer que personne ne sait le faire.
Un point de situation sur l’acquisition d’Activ Home, fabricant de modules constructifs à ossature bois et isolant biosourcé ?
Pierre Bollard : L’acquisition a été finalisée le 22 décembre 2024. Nous sommes donc propriétaire à 100 % d'Activ Home. Le fondateur, Érick Rigaudie, nous accompagne et reste à la tête de cette activité pendant trois ans.
On travaille bien ensemble, et tant mieux, car nous connaissons peu leur métier. En soi, l’ossature bois ne nous intéressait pas plus que ça. Mais l’ossature bois remplie à la paille, si. La paille est un matériau qui est en abondance, n'est pas carboné, et qui amène, pour peu qu'on en mette sur 24 cm d'épaisseur, un grand déphasage thermique. Alors, ces murs bois-paille sont intéressants à la fois pour le neuf, mais pour la rénovation.
En sachant que les solutions mur de Spurgin ne sont pas placés en rénovation. Par contre, on peut s’adresser aux projets de surélévation de bâtiments.
Il n'est pas prévu qu'on établisse des catalogues communs avec Activ Home. Ce ne sont pas les mêmes métiers. Nos murs en béton, nous les vendons essentiellement à des entreprises de gros-oeuvre. Activ Home vend beaucoup à des charpentiers, mais aussi à des entreprises de gros-oeuvre.
C'est de l'artisanat qu'il faut faire passer au niveau industriel.
Le bois-paille industrialisé pour les gros chantiers
Damien Guesnier, directeur de la communication marketing de Spurgin, complète à propos de l’acquisition d’Activ Home : « L’intérêt d’industrialiser le panneau en bois-paille, c'est d’améliorer la capacité à livrer de gros chantiers». |
Concrètement, quels investissements sont prévus pour industrialiser l’offre d’Activ Home ?
Pierre Bollard : Nous allons investir dans une nouvelle usine, à proximité de celle d’Activ Home [dans les environs de Montluçon, NDLR].
Nous gardons le personnel existant et allons embaucher 30 à 40 personnes : des commerciaux, dans les bureaux d’études, dans les équipes de production… Nous sommes aussi en train d'équiper l'outil de machine permettant de faire ce produit-là de manière industrielle.
Un dernier mot sur les ambitions de Spurgin ?
Pierre Bollard : Dans le bâtiment de demain, il n'y aura pas un seul mur, mais des murs. Des murs en béton pour les murs intérieurs de cages-escaliers, des murs en béton pour les périphéries de sous-sol, tandis que les façades peuvent être en béton de bois, en bois-paille.
Chaque mur a des caractéristiques techniques propres, qui doivent être bien définies pour construire un bâtiment intelligent. Et l'objectif de Spurgin, c'est d'avoir une gamme de murs la plus large possible, pour être en mesure de mettre le bon mur au bon endroit.
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Propos recueillis par Virginie Kroun