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Des décennies après, les certifications CTB continuent de se développer

Publié le 09 mars 2023

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L’institut technique FCBA organisait en décembre son dernier Tour de France CTB-NF. L’occasion de revenir sur le parcours et le potentiel des certifications CTB dans la filière construction bois. Le point avec un expert FCBA, et deux entreprises certifiées.
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Fin décembre 2022, l’Institut technologique Forêt Cellulose Bois Construction Ameublement (FCBA) organisait son dernier Tour de France CTB-NF. Ont répondu présents 60 professionnels titulaires de cette grande famille de certifications, regroupées entre quatre secteurs : première transformation, durabilité, structure panneaux, et menuiserie.

« Par rapport aux deux précédentes étapes, qui avaient lieu au printemps 2019 à Bordeaux, et puis au mois de mai 2022 à Nantes, on a eu cette fois-ci une représentation plus importante des titulaires », compare Manuel Burlat, responsable de l’équipe Évaluation & Certification Industrie Bois & Construction de FCBA. 

Fédérer les acteurs de la construction bois par la certification

 

« Le but du jeu de ce Tour de France, c’est vraiment de fédérer le réseau des certifiés en allant au-délà des secteurs (…), que ces secteurs communiquent », ajoute Manuel Burlat.

C’est le cas par exemple dans les Vosges, où collaborent souvent les sociétés Maddalon Frères et Aubriat. La première est qualifiée dans les travaux de charpente - bois traditionnel notamment - et de couverture, via la certification CTB Constructeur bois.

« C’est une certification qui est toute jeune, elle a cinq ans. On est certifiés depuis 2020, et on a été la troisième entreprise au niveau national à être certifiée. Aujourd’hui on n’est pas encore nombreux, on est cinq, et une sixième entreprise est en cours de certification », nous explique Eric Dulay, dirigeant de Maddalon Frères. Une aubaine pour lui, mais également pour la société Aubriat, certifiée depuis 1991 CTB A+, pour ses services de traitements anti-insectes dans la charpente, et anti-champignons pour la maçonnerie principalement. « Les gens comme Éric sont apporteurs d’affaires pour moi, parce que le traitement de charpente et le traitement de champignons sont rarement dans des lots séparés. Ils sont souvent noyés dans des lots charpente et couverture », nous confie Édouard Aubriat, dirigeant de l’entreprise Aubriat. 

La certification CTB, un gage de déontologie dans la construction bois


Mais plus qu’un élément fédérateur, les certifications CTB vont bien au-délà. « On parle du travail, mais FCBA recherche avant tout une déontologie », nous déclare notamment Édouard Aubriat. 

De quoi renforcer la crédibilité de la construction bois, en particulier les métiers du traitement du bois, qui n’a pas forcément « bonne presse ». « 80 % des entreprises qui prétendent faire mon métier sont des bandits de grand-chemin », estime Edouard Aubriat. « C’est plutôt un métier de démarchage », précise-t-il. C’est pour cette raison que la société certifiée A+ et Qualibat s’interdit de frapper aux portes, et fonctionne uniquement sur des appels entrants. 

En plus des certifications, le dirigeant de la société Aubriat compte aussi sur l’âge de l’activité, « puisque des entreprises qui ont 40 ans, dans mon job, elles sont toutes sérieuses. Généralement tous ceux qui vont taper aux portes, ils font 4-5 ans, ils prennent de la monnaie, font tomber la boîte, et en remontent une un peu plus loin ».


Des contrôles musclés, de l’administratif aux visites de chantiers

 

D’autant que les certifications CTB tendent à contrôler et surveiller le travail de la construction bois, dans tous ses domaines et tous ses aspects : administratif, procédés industriels et/ou constructifs, ou bien la visite de chantiers. 

Les contrôles de chantier sont effectués quelques fois dans l’année, choisis aléatoirement par FCBA. Des clients peuvent toutefois demander des contrôles de chantiers. Ces derniers sont gratuits, car financés par les professionnels lors qu’ils payent leur cotisation. 

Les modalités de contrôle et le montant de la cotisation varient d’un corps de métiers de la construction bois à un autre, voire selon leur volume de chiffres d’affaires, ou de production. Ainsi, chez la société Aubriat, le montant de cotisation s’élève à environ 1,5 % du chiffre d’affaires. Pour la certification Constructeur bois, cela varie aussi selon la catégorie de la certification (1, 2, 3…). Chez Maddalon Frères, « on est contrôlé deux fois, une journée et demi par an. Et cela coûte entre 2000 et 3000 € la certification », nous rapporte Éric Dulay, de la société Maddalon Frères.

Mais pour les deux sociétés, le jeu en vaut la chandelle, car cela renforce la confiance de la clientèle. Il faut dire que les certifications CTB, comme celle Constructeur bois, vont même jusqu’à vérifier les produits achetés. D’ailleurs, valorise-t-elle les essences de bois locales ?

« La certification Constructeur bois ne nous impose pas d’utiliser du bois local. Il est certain qu’on va s’assurer que le bois est au moins certifié PEFC », nous répond le dirigeant le société Maddalon Frères. Ainsi l’entreprise s’approvisionne en bois composé (lamé-collé, le KVH, le duo-trio…), en Allemagne et en Autriche, « parce que l’industrie frontalière est plus performante que l’industrie ici locale. Par contre, tout ce qui est bois massif, cela vient du bassin des Vosges. On travaille principalement avec une scierie vosgienne », complète-t-il.

De la certification à la normalisation, une logique immuable et automatique ?

 

Pour Éric Dulay, il convient d’encourager ce type de certification, notamment la CTB Constructeur bois, de manière à celle qu’elle devienne une obligation. « Lors de mon choix d’être certifié, j’avais en référence la certification Acerbois-Glulam, qui existe depuis bien plus longtemps au niveau des lamellistes. Depuis quelques années maintenant, c’est demandé au niveau des bureaux de contrôle, ce qui certifie un bois qui est collé correctement avec le choix d’essence », cite en exemple le dirigeant de Maddalon Frères, faisant allusion aux marchés publics remportés par l’entreprise. Et Édouard Auriat d’acquiescer, car après tout : « On est dans des métiers du bâtiment où on nous exige rien ». 

« Cela fait partie des bizarreries de la France », confirme à son tour Manuel Burlat : « Un coiffeur pour être coiffeur il faudrait qu’il ait au minimum un CAP de coiffure, du moins pour ouvrir son salon. En revanche, rien n’empêche une entreprise, par exemple un vendeur de machines à laver, de déposer le statut d’une société et devenir constructeur ossature bois ». Le constructeur bois doit cependant souscrire à une garantie décennale, « mais si l’assureur décide de couvrir avec une décennale ce que fait une entreprise, le jeu est fait », expose l’intéressé.

Pareil pour les produits, qui nécessitent un marquage CE par une organisme certifié comme FCBA. Et si l’institut teste et contrôle les produits, il « n’attend pas de l’entreprise qu’elle ait un quelconque diplôme ou CV. Tout va se jouer sur la qualité du produit ».

Il n’empêche que « sur beaucoup de produits, la certification existait avant la normalisation. Et on peut même dire que la certification a participé à l’élaboration de normes sur les produits. C’est le cas notamment du contre-plaqué », nous assure Manuel Burlat. C’est le cas également du goujon-collé, produit depuis 20 ans par l’entreprise Simonin, dans le Doubs, et certifié depuis 15 ans par FCBA. Actuellement, l’institut travaille à la normalisation de ce produit au niveau européen. 

Cependant, selon Manuel Burlat, cette logique n’est pas « immuable » et « automatique », sur un marché qui peut se contenter des certifications. Tout repose sur « une volonté collective » de normaliser ces certifications, en particulier la CTB Constructeur bois, bien plus jeune que la CTB A+. « La première chose pour la valoriser, c’est déjà d’accroître le nombre de titulaires, et que surtout les prescripteurs la prescrivent », indique l’expert FCBA.

D’où l’intérêt d’événements tels que le Tour de France CTB-NF, qui a réussi, à la dernière étape, à réunir des prescripteurs (bureaux d’études, maîtres d’oeuvre, donneurs d’ordre. « C’est ça aussi l’intérêt de ce Tour de France : réunir non seulement les certifiés, mais en plus des gens qui gravitent au tour de cet écosystème », conclut le responsable de l’équipe Evaluation & Certification Industrie Bois & Construction de FCBA.
 

Propos recueillis par Virginie Kroun
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