Des élus réclament plus de moyens dans la lutte contre les logements vacants

(Re)prendre le problème des logements vacants à bras-le-corps. Dans un contexte de manque de logements abordables, les habitations vacantes représentent une manne non négligeable de solutions pour permettre au plus grand nombre de vivre décemment.
C’est en ce sens que l’association d’élus Agir contre le logement vacant a appelé le 3 juin à relancer le plan de l’État contre le logement vacant, et à faire de cet enjeu une « priorité nationale ».
Trois millions de logements vacants identifiés en France
« Alors que la demande de logements de cesse de croître, que le nombre de sans-abri ne cesse d’augmenter, (...) le nombre de logements vacants reste nationalement élevé et nous peinons à les remobiliser », a alerté Suzanne Brolly, présidente de l’association, lors d’une conférence de presse organisée depuis Lyon.
La France compte trois millions de logements identifiés comme étant vacants, selon la base de données gouvernementales sur le logement vacant Lovac, dont 1,1 million vides depuis plus de deux ans.
Quels leviers pour la remobilisation des logements vacants ?
Pour « remobiliser » ce vivier de logements laissés à l’abandon, « on a besoin de bien les identifier et d’avoir des leviers pour faire en sorte que les propriétaires soient prêts à les remettre sur le marché », a expliqué Mme Brolly, également vice-présidente de l’eurométropole de Strasbourg.
L’association réclame notamment l’amélioration de la fiabilité des données de Lovac, une fusion des deux taxes sur les logements vacants, mais aussi le transfert des recettes vers les collectivités ainsi que des moyens et outils pour agir localement.
Ce à quoi l’on pourrait ajouter le maintien de MaPrimeRénov’. Réunis pour leur rencontre annuelle à Lyon le 2 et 3 juin, les élus ont dénoncé la possible suspension de cette aide à la rénovation énergétique, qui n’a, pour l’heure, pas encore été confirmée par le gouvernement.
Une suspension de MaPrimeRénov’ redoutée
La suspension de cette aide serait un vrai coup d’arrêt dans la lutte contre les logements vacants. Les conséquences pourraient être « catastrophiques, et encore plus dans les territoires en déprise » qui connaissent une vacance élevée des logements, s’est inquiétée Valérie Woitier, vice-présidente du département de la Meuse. « Cette aide est vitale, sinon beaucoup de propriétaires n’auront aucun intérêt à faire des rénovations », renchérit Mme Woitier.
« Une absence de budget lié à la rénovation énergétique, c’est de la vacance supplémentaire », presse Renaud Payre, vice-président de la métropole de Lyon chargé du logement.
À Paris, il pourrait y avoir cette année 15 000 logements inoccupés en plus, du fait de l’interdiction de louer les passoires énergétiques ainsi que l’augmentation régulière et soutenue des résidences secondaires comme des logements vacants, selon Jacques Baudrier, adjoint à la mairie de Paris, chargé du logement.
Plusieurs élus appellent à organiser une conférence nationale sur le financement du logement et de la rénovation énergétique, à l’instar de celle organisée par le gouvernement pour les transports.
Par Jérémy Leduc
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